AMAP : du champ à l’assiette
La scène se répète chaque mardi dans cette petite rue du centre parisien. De 18h à 21h, des citadins et citadines de tous âges se succèdent à la porte du syndicat dinitiative. Ayant adhéré à lAMAP la plus proche (association pour le maintien de lagriculture paysanne), ils viennent y chercher leur panier hebdomadaire de fruits et légumes.
Le producteur (ce jour-là, une productrice) supervise la distribution dun il bienveillant. Fidèles à lobligation de participer au fonctionnement de lassociation, deux bénévoles renseignent consommateurs et curieux.
La bonne humeur règne sur ce marché de fortune, doù chacun repart avec un panier plein de tomates, pommes de terre, carottes, courgettes, tomates cerises, poivrons, aubergines et salades légumes de saison obtenus contre 15 payés davance. Moyennant une obole supplémentaire, les gourmands peuvent compléter leur panier dun pot de miel, dufs ou de fromage. Le tout produit dans une ferme située à moins de 100 km de Paris, aux environs de Beauvais.
Né au Japon dans les années 60 et débarqué en France il y a moins de 10 ans, le système des AMAP séduit de plus en plus. Son principe est simple : un groupe de consommateurs passe un partenariat avec un agriculteur local, et sengage à acheter lensemble de sa production ; quant au producteur, il fournit à ses clients des aliments bios et produits localement. Ce système a lavantage de supprimer tous les intermédiaires. Pour le plus grand plaisir du client : « Jai fait le calcul, nous confie Stéphanie, une adhérente, et je dois dire que cest rentable. Mais chut ! Sinon, tout le monde voudra sinscrire et il ny en aura pas assez de place. »
De fait, les AMAP peinent à satisfaire les demandes dadhésion. Si les citadins plébicitent un mode de distribution privilégiant proximité et convivialité, les agriculteurs, eux, nont pas toujours les moyens de rompre avec la logique productiviste. Cest dailleurs lune des limites de lassociation. « La demande est de très loin supérieure à loffre, nous confirme Charlotte, jeune agricultrice chargée de superviser la distribution. Les exploitants manquent de terres, et sans terre, rien nest possible. » Responsables de cette pénurie, létalement urbain, les subventions accordées à la mise en jachère ou la concurrence des grandes exploitations, qui sont autant de freins au développement des AMAP. Au grand dam des consommateurs firands d’alternatives.