Upcycling : la récup’ à haute valeur ajoutée

Upcycling : la récup’ à haute valeur ajoutée

Véritable pied-de-nez à la surconsommation, le upcycling a pour ambition de donner une seconde vie aux objets jetés en les transformant pour les anoblir et leur conférer un supplément d’âme. La pratique, plutôt fréquente dans les pays en développement où le coût des matières premières est particulièrement contraignant, connait depuis la fin du XXème siècle un essor dans les pays développés. Nombre de designers et artistes redoublent ainsi d’imagination pour trouver de nouveaux usages aux objets glanés dans les déchèteries.

 

Si nos ancêtres ont toujours fait de la récupération pour rafistoler leurs objets, 60 ans de consommation de masse ont fini par donner un nouveau sens à ce phénomène . En témoigne l’explosion en trois ans des articles estampillés upcycling sur le site internet Etsy, qui propose aux petits créateurs de vendre leurs objets directement à l’acheteur. Entre janvier 2010 et novembre 2012 le nombre d’objets concernés est passé sur le site de 7900 à plus de 250 000. On y trouve notamment des portefeuilles en pneu usagé, des lampes design en bouteilles de lait ou encore des tongs en baguettes chinoises.

Contrairement au recyclage, qui détruit et écrase la matière, le upcycling réutilise les matériaux tels quels.Pour Bérangère Lebon, attachée de presse d’Etsy en France, cette tendance est significative de notre époque : « Aujourd’hui, avec la crise, les gens ont envie de consommer autrement, mieux et sont de plus en plus impliqués dans des problématiques de développement durable ». L’upcycling se poserait ainsi comme une alternative à l’avènement d’une société du gâchis.

 

Fauteuil en peluches des frères Campana

 

Un défi créatif

« Il s’agit d’un véritable défi créatif, ajoute Bérangère, que de réfléchir à comment transformer un objet existant, encore en bon état, en lui donnant une toute autre utilité. Cela va de pair avec une prise de conscience de notre façon de consommer et surtout l’envie de changer cette manière dont fonctionne l’économie mondiale ». Le collectif berlinois Trial and Error en sait quelque chose. Composé de designers, d’artistes et d’artisans, il propose des projets sociaux et culturels en se fondant entre autre sur l’upcycling et l’activisme créatif. Comme l’explique Ruta Vimba, leur manageuse de projets et « trash ingeneer », « les objets d’aujourd’hui sont fabriqués pour être jetables avec une durée de vie très limitée. Avec Trial and Error, nous sommes connus comme un collectif travaillant avec les détritus. Mais on est un peu fatigué de tout ce travail avec les déchets, dans l’idéal les ordures ne devraient même pas exister ! On réfléchit aux différentes alternatives possibles, comme fabriquer des emballages qui pourraient avoir également une utilisation ».

 

Une alternative généralisable ?

Ce mouvement commence à intéresser aussi les entreprises, qui y voient un bon moyen de rentabiliser leurs surplus. Sans même parler de la marque Freitag qui s’est fait un nom avec ses sacs design fabriqués avec des toiles de camions usagées, le upcycling peut s’avérer très lucratif. De plus en plus d’entreprises sont d’ailleurs séduites par l’idée de réutiliser à grande échelle les déchets industriels. A l’instar de l’entrepreneur Sam Hagerman, co-fondateur et président de l’entreprise américaine de design et construction Hammer & Hand, pour qui le upcycling a permis de faire des économies vitales lors de la crise de 2008. Interrogé par le site entrepreneurs.com, il ne tarit pas d’éloges à propos de cette pratique, dans laquelle il perçoit notamment la perspective de substantielles économies. Mais il en pose aussi les limites sur le plan économique: « malgré le très faible coût des matériaux utilisés,explique-t-il, ils peuvent engendrer une grosse perte de temps et d’énergie si vous n’avez pas déjà une idée précise lorsque vous en prenez possession. De plus il est difficile de développer des gammes sur le long terme, car rien ne garanti qu’il soit possible de retrouver plus tard les mêmes matériaux. »